Litté-13
Couverture Mãn
Titre original : mãn 

Auteur : Kim Thúy 
Parution d’origine : 2013 
Pays : Canada (Québec) 

Type : Contemporain 
Genre : Roman 

Écrivaine multiculturelle : Kim Thúy est née à Saïgon en 1968. Elle a quitté le Vietnam comme boat-people avec ses parents à l’âge de dix ans, se réfugiant au Québec avec ceux-ci. Elle est diplômée en linguistique et traduction, en 1990, et en droit en 1993. Elle a été traductrice, interprète, avocate, restauratrice, critique gastronomique et, depuis qu’elle a publié Ru en 2009, romancière. 

Résumé : mãn est une histoire d'amour entre une femme et celles qui l'ont, tour à tour, fait naître, allaitée, élevée. Elle a été déposée dans le potager d'un temple bouddhiste sur le bord d'un des bras du Mékong par une adolescente. Une moniale l'a recueillie et nourrie d'eau, de riz et du lait des seins d'une mère voisine, avant de la confier à une autre femme - enseignante de jour, espionne en tout temps. 

mãn parle de l'amour à l'envers, celui qui doit se taire, celui qui ne peut être vécu, celui qui ne doit pas s'inscrire dans le temps en souvenirs, en histoires. Or, juste avant la fin, ou au milieu d'un nouveau début, ailleurs, loin de la chaleur tropicale, près du corps, dans la lenteur aérienne des flocons de neige, il y a eu un amour à l'endroit, c'est-à-dire un amour ordinaire né d'une rencontre ordinaire, avec un homme ordinaire, ce qui était pour elle l'extraordinaire, l'improbable. 

mãn, c'est l'apprentissage du mot « aimer » pour donner suite à la définition du verbe « vivre » de À toi et à la conjugaison de « survivre » de Ru. 

Note : 10/10 
Avis : C’est à travers les romans de Kim Thúy que j’ai développé le goût de découvrir plus amplement la culture vietnamienne et même d’en tomber graduellement amoureuse, du moins des saveurs qui se dégagent de ses œuvres. Son écriture poétique, simple et odorante m’assurent à chaque fois une lecture excessivement agréable, réconfortante malgré les sujets tragiques qu’elle m’est en place, parmi des personnages très humains, à la recherche dans ce cas-ci de l’amour. Du moins, la narratrice qui a vécu une vie très difficile dans un Vietnam en guerre dont les traditions s’effritent semble chercher quelque part l’amour, incapable de l’éprouver, ou même de le montrer – ne l’ayant jamais réellement vécu. 

N'est-elle pas magnifique ?
Ce roman est un hommage d’une femme à tous les autres femmes qui lui ont montré à vivre, que ce soit les différentes mères qu’elle ait eu, les différentes femmes québécoises qui lui ont montré l’amour – en particulier Julie. C’est par fragments qu’elle revisite chaque moment de sa vie, ainsi que celles des autres, qu’elle découvre à aimer, à tomber amoureuse. C’est un roman criant de sentiments humains, d’une certaine quête d’identité, d’un hommage aussi à la culture vietnamienne – des traditions, du moins -, et même de la cuisine de son pays. À chaque page se trouve un met différent qui effleure votre narine de ses essences. Kim Thúy mélange ici, de nouveau, une certaine tragédie humaine et la cuisine comme elle l’a fait à travers son roman – ou autofiction – Ru, mais dans celui-ci elle dégage plutôt l’aspect humain qu’est la survie durant une période difficile. Elle évoque, ici, la guerre du Vietnam mais du point de vue de sa mère, les horreurs qui s’y sont produits, qui ont affecté non seulement les vietnamiens mais aussi les gens venant d’ailleurs. La communauté vietnamienne qui se retrouve, dans tous les pays où elle s’est exilée. 

Bref, une œuvre d’une grande richesse d’une auteure qui dépeint surtout les sentiments humains, au travers des fragments courts mais puissants. 

Extrait : Peut-être avait-il raison finalement, ce jeune Alexandre, un client étudiant en peine d’amour qui m’avait un jour juré qu’il n’en aimerait jamais un autre et qui avait soutenu sa conviction en épinglant sur la corde à mots suspendue dans la vitrine une citation de Roland Barthes : « Je rencontre dans ma vie des millions de corps ; de ces millions je puis en désirer des centaines ; mais de ces centaines je n’en aime qu’un. » Cet énoncé m’était alors totalement étranger et incompréhensible puisque je n’avais jamais vécu cette sensation d’exclusivité et d’unicité.
2 Responses
  1. Il est très beau ton article ^^ Ca donne envie de le découvrir ou plutôt le savourer ! La culture vietnamienne soit être très intéressante à découvrir en tout cas (et j'adore les couvertures de ses bouquins, sobres mais qui donne envie de regarder =) )


  2. Litté-13 Says:

    Hahaha oui ! Je t'encourage à le lire, si tu le trouves, car c'est un très beau roman.
    Je suis d'accord avec toi, ils sont magnifiques ;).


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