Auteur : Agota Kristof
Parution : 1986
Pays : Suisse
Type : Drame – Historique
Genre : Roman
Résumé : Klaus et Lucas sont jumeaux. La ville est en guerre, et ils sont envoyés à la campagne, chez leur grand-mère. Une grand-mère affreuse, sale et méchant, qui leur mènera la vie dure. Pour surmonter cette atrocité, Klaus et Lucas vont entreprendre seuls une étrange éducation. Dans un style enfantin et cruel, chaque événement de leur existence sera consigné dans un « grand cahier ».
Note : 10/10
Jamais nous ne sommes réellement situés dans le temps, mais puisqu’il s’agit d’une guerre, je suppose que l’auteure l’a écrit par rapport à la guerre qui s’est passée en Hongrie entre les militaires soviétiques et les anti-communistes – elle s’est exilée, à la suite de ce conflit. Les jumeaux doivent apprendre à vivre auprès de leur grand-mère qu’ils rencontrent pour la première fois, alors que leur mère ne peut plus s’occuper d’eux. C’est ainsi que débute l’histoire : on assiste, tout le long, à l’évolution psychologique des jumeaux qui ne forment qu’un, qui jamais ne vont s’identifier individuellement. C’est toujours : « nous disons, nous faisons, etc. », ce qui met en place sans explications la relation entre les deux frères qui ne peuvent se voir l’un sans l’autre.
L’écriture de Kristof, qui a appris le français en arrivant en Suisse à vingt-et-un ans, est simple mais entraînante. La complexité réside plutôt dans les personnages, en particulier les jumeaux, mais leurs entourages aussi qui semblent vivre selon leurs désirs et non les lois – du moins, les jumeaux et leur grand-mère. Il n’y a aucun héros dans ce roman : ils ont tous des défauts, ils sont tous imbus d’eux-mêmes, bref, ils sont tous des anti-héros ou sinon des personnages neutres.
Comme le dit L’Express : « Un roman magnifique sur le déracinement, la séparation, l’identité perdue et les destins brisés dans l’étau totalitaire. » Je ne pourrai même pas dire mieux.
Extrait : « Nous ne voulons plus rougir ni trembler, nous voulons nous habituer aux injures, aux mots qui blessent. »
Auteur : Agota Kristof
Parution : 1988
Pays : Suisse
Type : Drame – Historique
Genre : Roman
Résumé : Dans un pays en guerre, deux jumeaux se séparent. L’un d’eux franchit la frontière, laissant l’autre désemparé, privé d’une partie de lui-même. Lucas semble vouloir se consacrer au bien. Quand Claus revient, trente ans plus tard, Lucas a disparu. Seule preuve de leur existence commune : le Grand Cahier.
Note : 9/10
Avis : Ce n’est pas mon favori, dans la trilogie, mais il reste un excellent livre. Il y a moins de vulgarité que dans le premier, mais on fait face à un univers encore plus noir. On reste avec Lucas, qui se retrouve seul depuis le départ de son jumeau, et qui se sent plus vide de jamais.
Si le début m’a enchanté, la fin a été longue, mais c’était tout de même un excellent roman. Peut-être parce que le premier tome est si élevé dans mon estime que je m’attendais à beaucoup venant du tome deux. Mais, jamais je ne me plaindrai de cette lecture qui fût très agréable. L’écriture simple mais particulièrement attirante de l’auteure m’empêchait tout de même de décrocher : je revenais sans cesse vers ce roman, dès que j’avais le temps entre deux travaux scolaires.
L’histoire, en tant que tel, comme je l’ai dit est très noir, mais se situe entre la fin de la guerre sous la domination de l’étranger mais aussi entre la fin de cette domination, justement, puisqu’à la fin l’ennemi a quitté le pays qui se retrouve enfin libre. Lucas, comme personnage, est très froid, imbu de lui-même, très complexe, égoïste, mais à la recherche de l’amour de quelqu’un suite au départ de son frère jumeau. Que ce soit avec une femme ou encore avec un enfant handicapé, il les aime un peu trop, jusqu’à causer la perte de l’un des deux d’une manière très tragique. Un deuxième tome parfait comme transition.
Extrait : « Je n’étais encore qu’un enfant. Mais je n’ai rien oublié. »
Auteur : Agota Kristof
Parution : 1991
Pays : Suisse
Type : Drame – Historique
Genre : Roman
Résumé : Et si l’existence était un mensonge ? Au terme de cinquante années d’exil, Lucas revient dans sa ville natale pour y retrouver Claus, son frère jumeau. Ce dernier est devenu écrivain et se fait appeler Claus Lucas. Lors des retrouvailles, il niera l’existence de Lucas. Ce frère existe-t-il vraiment ? Lucas parviendra-t-il à se défaire de son double ?
Note : 9/10
Avis : Le dernier tome de la série, et je ne suis pas déçue, bien que je me sois de nouveau attendue à mieux. Mais, c’est tout de même une manière parfaite de terminer une trilogie qui a commencé sur une note très haute. De nouveau, l’écriture de l’auteure m’a envoûté. Elle est simple, mais on voit qu’elle a mûri un peu au fil du processus d’écriture.
Ici, c’est des révélations qui nous laissent perplexe. Qu’est-ce que la vérité ? Où sont les véritables événements, dans les trois romans ? Je ne vous dirai pas plus, je n’ai pas envie de vous gâcher la lecture, mais même après avoir terminé ma lecture, je reste avec plusieurs questions qui ne pourront jamais être assouvies, l’auteure étant morte. Je ne peux que supposer plusieurs choses qui peuvent se révéler fausses, mais c’est l’intention de l’auteure. Elle ne veut pas nous dire tout ce qui se passe réellement. Et c’est sur une note sombre, même cruelle, qu’elle nous laisse les questions en suspens. Mais la lecture de cette trilogie dont je n’ai entendu que du bien en valait la peine, énormément. Je suis très heureuse et je vais réitérer l’expérience avec Agota Kristof. Ce troisième tome est sombre, mais beaucoup moins violent que le premier et moins vulgaire, malgré qu’on voit dans les analepses les moments difficiles de la guerre.
Extrait : « C’est pour toi que je suis revenue. »