Litté-13
Titre original : L’Amant 
Auteur : Marguerite Duras 
Parution d’origine : 1984 
Pays : France 

Type : Contemporain – Autofiction 
Genre : Roman 
Elle était si belle, Marguerite Duras

Résumé : Dans L’Amant, Marguerite Duras reprend sur le ton de la confidence les images et les thèmes qui hantent toute son œuvre. Ses lecteurs vont pouvoir ensuite descendre de ce grand fleuve aux lenteurs asiatiques et suivre la romancière dans tous les méandres du delta, dans la moiteur des rizières, dans les secrets ombreux où elle a développé l’incantation répétitive et obsédante de ses livres, de ses films, de son théâtre. Au sens propre, Duras est ici remontée à ses sources, à sa « scène fondamentale » : ce moment où, vers 1930, sur un bac traversant un bras du Mékong, un Chinois richissime s’approche d’une petite Blanche de quinze ans qu’il va aimer. 

Note : 8.5/10 
Avis : Marguerite Duras est réellement fascinante. Bien que je n’aie lu que très peu d’œuvres d’elle, elle est une auteure que j’affectionne particulièrement, puisqu’elle sait dès les premières lignes comment captiver le lecteur dans un roman riche de sens, malgré un langage simple. C’est dans l’Indochine coloniale française qu’elle nous entraîne, dans une autofiction, où elle nous présente sa jeunesse – elle n’avait que quinze ans et demie – auprès de son amant chinois riche qui avait le double de son âge. Après une courte recherche, j’ai pu constater que cet homme a existé, qu’il est mort au début des années 70 et qu’il, semblerait-il, n’ait jamais cessé de l’aimer, bien qu’il se soit marié et qu’il soit tombé amoureux de la sœur de sa femme. L’histoire, en tant que tel, est magnifique. Le style de Duras est tout simplement envoutant : on ne peut plus poser le roman sans l’avoir terminer au préalable. L’histoire d’amour (si on peut le qualifier ainsi) de l’enfant et du Chinois est captivante : jamais je n’ai éprouvé un dégoût en sachant qu’il avait trente-deux ans et elle quinze ans et demi, elle est bien trop mature pour paraître avoir cet âge. 

Et Duras, ah, une reine de l’autoportrait : le regard des hommes sur la jeune femme, la vieille femme aussi qu’elle était à l’époque de la rédaction, la manière qu’elle a de montrer que finalement, elle est belle, puisque les autres le disent et non elle. C’est intéressant de constater la relation entre les colonisateurs et les chinois : le Chinois, riche, n’est rien comparé à la famille de l’enfant, blanche, française et pourtant pauvre. Le statut social n’empêche pas qu’il soit considéré comme étant inférieur, car il n’est pas « blanc », cette chosification fait par la jeune fille qui veut simplement son argent afin de subvenir aux besoins de sa famille. La relation qu’elle entretient avec sa mère est elle aussi intéressante, puisqu’elle se présente face à une mère tyrannique qui n’aime que son premier enfant qui lui, pourtant, l’aime mal et en profite. En bref, un roman qui m’a charmé et dont je renouvellerai probablement la lecture à quelques reprises. 

Extrait : Quinze ans et demi. Le corps est mince, presque chétif, des seins d’enfant encore, fardée en rose pâle et en rouge. Et puis cette tenue qui pourrait faire qu’on en rie et dont personne ne rit. Je vois bien que tout est là. Tout est là et rien n’est encore joué, je le vois dans les yeux, tout est déjà dans les yeux. Je veux écrire. Déjà je l’ai dit à ma mère : ce que je veux c’est ça, écrire. Pas de réponse la première fois. Et puis elle demande : écrire quoi ? Je dis des livres, des romans. Elle dit durement : après l’agrégation de mathématiques tu écriras si tu veux, ça ne me regardera plus. Elle est contre, ce n’est pas méritant, ce n’est pas du travail, c’est une blague – elle me dira plus tard : une idée d’enfant. 


Titre : L’Amant 
Année : 1992 
Réalisateur : Jean-Jacques Annaud
Acteurs : Jane March – Tony Leung Ka-fai 
Durée : 115 minutes 
Description : Film franco-britannico-vietnamien. 

Résumé : À l’âge de 70 ans, Marguerite Duras nous raconte son adolescence en Indochine et ses « période cachées ». En vrac, l’auteur évoque les relations difficiles avec sa mère, l’amour qu’elle porte pour son petit frère, son amant chinois de 17 ans son aîné, son attirance physique pour une camarade au pensionnat, etc. 

Note : 7/10 
Avis : Marguerite Duras méprisait ce film et en le voyant je peux très bien comprendre pourquoi. Il ne se concentre que sur l’aspect familial et la relation charnelle entre le chinois et l’enfant, mais pourtant je l’aime bien aimé. On ne peut pas vraiment transposer tout le message de Duras dans un film, il y a trop d’éléments. Néanmoins, j’ai bien aimé ce film qui présentait surtout la relation entre le Chinois et l’enfant : destructrice, voire même carrément de la prostitution de la part de la jeune fille qui entre tout juste dans le monde des adultes alors qu’elle en est au seuil. Les images du film sont très belles, l’environnement, du moins l’ambiance créé est entraînante, les deux acteurs jouent parfaitement ensembles, ils sont même bien assortis je trouve, alors que dans le roman c’est un couple assez étrange. Dans l’ensemble, c’était une belle œuvre, mais pas assez pour qu’il devienne l’un de mes films fétiches. Néanmoins, j’ai bien l’intention de le revoir à quelques reprises, simplement pour le plaisir et non pour retrouver le roman de Duras.
Litté-13
Couverture Silhouette ou les miroirs de l'AsieTitre original : Silhouette ou les miroirs de l’Asie 
Auteur : Jean-Pierre Mathé 
Parution d’origine : 2013 
Pays : Inconnu 

Type : Aventure / Récit de voyage 
Genre : Autobiographie 

Résumé : Attention, Objet Littéraire Non Identifié ! Loin des carnets de voyage et de leurs clichés, Jean-Pierre Mathé vous invite à contempler ses miroirs de l’Asie comme on se glisserait sur une couchette pour fumer l’Opium. Tour à tour Silhouette, Pèlerin, Troubadour, … le narrateur aux multiples visages nous mène au-delà de toute image convenue, là où les secrets se cachent dans le brouhaha des foules. Son Asie à lui ne se raconte pas, elle se griffonne ou se peint au couteau avec la frénésie des possédées. 

Note : 4/10 
Avis : Premièrement, j’aimerai remercier Livraddict pour le partenariat et m’excuser de l’énorme retard de cette lecture et cette chronique, quand j’ai postulé je n’avais absolument rien à faire et quand je l’ai eu mes professeurs m’ont donné plusieurs travaux jusqu’à la fin de ma session, entre mon travail et mes devoirs je n’avais aucun temps libre pour respirer. Je m’excuse donc au staff mais aussi à la maison d’édition et à l’auteur. 

Le livre ne m’a pas du tout plu. Si le résumé me tentait, la lecture fut difficile, très difficile. Tout d’abord, les passages au « tu » m’ont agressé. Au « je », pour s’identifier au personnage, aurait été mieux, même si, oui, tout le monde le fait. Mais le « tu » est agressant, c’est comme si on essayait de me donner un ordre, me donner une action que je n’ai pas accompli. De plus, il passait du « tu » au « il ». Peut-être que c’était un effet de style, mais pour moi il n’a pas réussi. Il faut assumer le choix, soit « il » soit « tu », surtout que ce n’était pas une narration différente par chapitre, non, ça changeait carrément d’un coup. Un style qui ne m’a pas plu, car il n’y a aucune transition entre les deux. Les images de l’Asie ne m’ont pas convaincu, peut-être parce que c’est une expérience personnelle, mais pourtant l’Indochine de Duras je peux aisément me l’imaginer … Néanmoins, je dois avouer que les routes de l’Inde furent intéressantes, puisque je ne connais pas vraiment cette partie de l’Asie, mais, comme j’ai pu le constater dans les chroniques des deux autres lectrices, j’aurais aimé voir la Chine, le Japon. En fait, je m’attendais totalement à autre chose en choisissant de participer au partenariat et, pour tout avouer, j’ai failli abandonner. Je m’attendais pas à lire un récit de voyage plutôt spirituel. 

Extrait : « Stimulé par la beauté, l’étrangeté de ce pays et de cette civilisation qui jaillissent vers lui en gerbes incessantes, vibrantes et colorées, ton esprit se découvre d’incomparables facultés. Comme une aurore nouvelle après des années de grisaille existentielle, s’éveille en lui une capacité à l’émerveillement aussi vive qu’inattendue. Cette petite réalité de ta vie occidentale, que tu pensais être La Réalité, s’estompe au présent de la Vie qui t’envahit alors, lumineuse, débordante, impétueuse, en abondance absolue, en inendiguable mouvance. »